Barbara
BREF

1964


La fille, pour son plaisir,
Choisit le matelot,
L'eau voulut des navires,
Pour voguer à son eau,
L'homme choisit la guerre,
Pour jouer au soldat,
Et partit pour la faire,
Sur l'air de "ça ira",
Bref, chacun possédait,
Ce qu'il avait souhaité,

Moi, je voulais un homme,
Ni trop laid, ni trop beau,
Qui promènerait l'amour,
Sur les coins de ma peau
Un homme, qui au petit matin,
Me prendrait par la main,
Pour m'emmener croquer
Un rayon de soleil,
Moi, je voulais un homme,
A chacun sa merveille,
Et la vie, en passant,
Un jour, me l'amena,

Puis, la fille prit des coups,
Par son beau matelot,
La guerre en plein mois d'Août,
Nous faucha le soldat,
Le navire qui passait,
Juste à ce moment-là,
Le navire qui passait,
Prit l'eau et puis coula,
Bref, on ne sait pourquoi,
Mais tout se renversa,

Moi, je pris en plein coeur,
Un éclat de son rire,
Quand il jeta mon bonheur,
Dans la fosse aux souvenirs,
Je le vis s'en aller,
Emportent mon soleil,
Emportant mes étés,
J'avais voulu un homme,
J'aurais du me méfier,
Cette garce de vie,
Un jour me le reprit,

Qu'importe si la vie,
Nous donne et nous reprend,
Puisqu'ici-bas, tout n'est
Que recommencement,
La fille, pour son plaisir,
Reprendra des matelots,
On refera des navires,
Pour le ventre de l'eau,
Y'aura toujours des guerres,
Pour jouer aux soldats,
Qui s'en irons les faire,
Sur l'air de "ça ira",

Eh ben moi, je reprendrais un homme,
Pas de mal à ça,
Un homme,
Les hommes, j'aime ça,
Un homme, un homme, un homme...


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