Guy Béart
LE PRINCE FAINÉANT



Guy, mon père, n'use point
À rien faire son pourpoint.
Pas de fête qu'il n'apprête,
Casqu'en tête, dague au poing.
Mon grand-père navarrois
Fit la guerre pour la croix
Sous Alonze Coeur de bronze
En l'an onze cent vingt-trois.

REFRAIN:
Moi, leur mince suppléant,
Suis le prince fainéant.
Mon bras casse, s'il déplace
Leur cuirasse de géant.

Jean de Mesme, mon aïeul,
Qui dort blême au linceul,
Dans Toulouse la jalouse,
Contre douze luttait seul.
Mes ancêtres, fort vantés,
Portaient, maîtres des comtés,
Sur la marge d'un dos large
Une charge de cités.

REFRAIN

Car d'entailles moins friand,
Des batailles souriant,
Tout me lasse: fêtes, chasse,
Dire "Grâce!" en priant.
Même aux belles j'ai mépris,
Et loin d'elles mon coeur pris
Laisse, en somme, faire un somme
Aux cerfs, comme aux maris.

REFRAIN


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