François Béranger
LE MONUMENT AUX OISEAUX


Voilà le soleil
On ne l'attendait plus celui-là
Qui fait fumer le vieux goudron mouillé
A moins que ce soit les phares d'une balayeuse
Qui racle dans la nuit toutes le saloperies
Ça y est je l'ai enfin trouvée
Mais je ne sais pas où elle est
Je marche dans la forêt des rues
Je sonne aux portes on croit que j'ai bu
Si jamais vous l'apercevez
Dites-lui que je l'attends où elle sait
Elle ne pourra pas se tromper
Ça fait mille ans qu'on est à se chercher

Sous le monument aux oiseaux
Suspendu entre deux eaux
Dans le ciel

Voilà le bonheur
On ne l'attendait plus celui-là
Qui me transforme en gros ballon de joie
A moins que ce soit un tour que me joue mon pote le pot
Qui prend mes nerfs pour des cordes à violon
Ça y est je l'ai enfin trouvée
Mais je ne sais pas où elle est
J'ai arpenté tous les quartiers
Sauf l'Échangeur et le grand Marché
Où es-tu amour que fais-tu
Par quel inconnu es-tu retenue
Ta mémoire s'est-elle envolée
Que tu ne te souviennes déjà plus

Du monument aux oiseaux
Suspendu entre deux eaux
Dans le ciel

Voilà le printemps
On ne l'attendait plus celui-là
Qui fait vibrer la ville qui dormait
A moins que ce soit
Tous les gaz délétères
Qui se propagent en pourrissant la terre
Ça y est je l'ai enfin trouvée
Mais je ne sais pas où elle est
Le mieux c'est de ne plus marcher
Par crainte de m'en éloigner
Je m'assieds dans le terrain vague
Là où la lune fait pousser des forêts
Peut-être en y croyant encore
Vais-je m'envoler très loin de mon corps

Jusqu'au monument aux oiseaux
Suspendu entre deux eaux
Dans le ciel


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