Jacques Brel
LES BERGERS
1964


Parfois ils nous arrivent avec leurs grands chapeaux
Et leurs manteaux de laine que suivent leurs troupeaux
Les bergers
Ils montent du printemps quand s'allongent les jours
Ou brûlés par l'été descendent vers les bourgs
Les bergers
Quand leurs bêtes s'arrêtent pour nous boire de l'eau
Se mettent à danser à l'ombre d'un pipeau
Les bergers

Entre eux l'en est de vieux, entre eux l'en est de sages
Qui appellent au puits tous les vieux du village
Les bergers
Ceux-là ont des histoires à nous faire telles peurs
Que pour trois nuits au moins nous rêvons des frayeurs
Des bergers
Ils ont les mêmes rides et les mêmes compagnes
Et les mêmes senteurs que leurs vieilles montagnes
Les bergers

Entre eux l'en est de jeunes, entre eux l'en est de beaux
Qui appellent les filles à faire le gros dos
Les bergers
Ceux-là ont des sourires qu'on dirait une fleur
Et des éclats de rire à faire jaillir de l'eau
Les bergers
Ceux-là ont des regards à vous brûler la peau
A vous défiancer, à vous clouer le coeur
Les bergers

Mais tous ils nous bousculent qu'on soit filles ou garçons
Les garçons dans leurs rêves, les filles dans leurs frissons
Les bergers
Alors nous partageons le vin et le fromage
Et nous croyons une heure faire partie du voyage
Des bergers
C'est un peu comme Noël, Noël et ses trésors
Qui s'arrêterait chez nous aux Équinoxes d'or
Les bergers

Après ça ils s'en vont, avec leurs grands chapeaux
Et leurs manteaux de laine que suivent leurs troupeaux
Les bergers
Ils montent du printemps quand s'allongent les jours
Ou brûlés par l'été descendent vers les bourgs
Les bergers
Quand leurs bêtes ont fini de nous boire notre eau
Se remettent en route à l'ombre d'un pipeau
Les bergers les bergers les bergers.


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