Les Charlots
TU FINIRAS SUR LES PLANCHES
De Buxeuil - Decaye


On ne connaissait que lui dans tous les ateliers
C'était le meilleur chanteur des apprentis de belleville
Quand une chanson de concert traînaillait par la ville
C'était toujours le môme qui la savait le premier
Des refrains populaires de tous nos chansonniers
Il les achetait tous, il en bourrait ses poches
Puis venu le dimanche avec les autres gavroches
Au concert du quartier fallait le voir cavaler
En son coeur ingénu le désir fou montait
Et les feux de la rampe l'attiraient, le brûlaient

Toi, tu finiras sur les planches
Cabotin, cabotin, ça t'ira bien
Lui répétaient chaque dimanche
En sortant du concert - tous ses copains
Tu chantes si bien la romance
Qu'un beau jour tu plaqueras le boulot
Et vas-y vieux, t'en fais pas, va à la chance
Les planches, les planches, t'as ça dans la peau!
(La la la la la la la la la la la la la!)

Et comme le râtelier prenait de jour en jour
Dans le coeur des gamins un aspect de tristesse
Que ce mot "cabotin" le poursuivait sans cesse
Il quitta sans regret ses parents pour toujours
Il chanta n'importe où, dans les beugles en quartier
Mesdames, les débutants on ne les écoute guère
Dans son rêve étoilé il oubliait sa mère
Qui cachée dans un coin parfois venait l'écouter
Un soir n'y tenant plus dehors elle attendit
L'attirant doucement, elle lui dit "mon petit..."

Toi, tu finiras sur les planches
Cabotin, cabotin, mon pauvre gamin
En habit noir, cravate blanche
Y'en a dans comme toi qui crèvent de faim
Viens, refaisons notre existence
Près du père tost trois ce sera si beau
Ah tu dis ouais, tu reviens, quelle chance
Les planches, les planches, n'auront pas ta peau
(La la la la la la la la la la la la la!)

Ainsi l'enfant prodigue s'en revint au bercail
Son père lui dit alors "veux-tu tenter la chance
Monter un atelier nous trouverons les avances"
Le gosse ayant dit oui ils se mirent au travail
Mais hélas dans son coeur, la blessure était là
Elle se rouvrit bientôt encore plus douloureuse
Reprenant par à coup sa course aventureuse
Vers l'irréalité un soir il retourna
Aux siens il écrivit "vous ne m'en voudrez plus
Le jour où vous verrez que seul Dieu l'a voulu"

Moi, je finirai sur les planches
Cabotin, cabotin, ne craignez point
Car le théâtre a ses revanches
Il grandit toutes nos joies, tous nos chagrins
A l'heure de l'ultime romance
Quand tomba pour toujours le rideau
Je voudrais qu'on me crie "recommence!"
Mes planches, mes planches, je vous laisserai ma peau!
(La la la la la la la la la la la la la!)


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