Georges Chelon
MA VILLE



Ma ville
Quand nous sommes venus chez toi
Mon père ma mère ma soeur et moi
Tu n'avais pas autant de rues autant de toits
Tu n'étais pas aussi grande que ça
Ma ville
Derrière chez nous
T'avais des terrains vagues
Devant chez nous on voyait des montagnes
Et c'était tout

Ma ville
Face à notre maison
Le pont, l'hiver venu, pour nous autres garçons
Était déjà plus dur que le mur de la Croix
Ou des Bossons sous nos planches ma foi
C'était déjà coton
Ma ville
Sur tes trottoirs on faisait du patin
Sur nos mouchoirs nos mères comptaient
Nos bûches et nos chagrins

Ma ville
Je t'aimais bien
Tu m'as prêté tes murs pour y écrire mon nom
Quelques mètres de rues pour jouer au ballon
Et puis quelques sonnettes et lorsque j'eus grandi
Tu comptas mes copains et choisis mon amie,
Ma ville.

Ma ville
A l'automne mourant descendant de la nuit
Des troupeaux de moutons nous sortaient de nos lits,
Fragile
Un agneau qui avait vu le jour en chemin
Dans les bras d'un berger dormait et au matin
Ma ville
Sur ta chaussée on voyait nos voisins
Qui ramassaient en songeant à leurs plantes
Un bon seau de crottin

Ma ville
Tu nous aimais bien.
A mon premier amour c'est toi qui fus déçue
Son premier rendez-vous c'est toi qui es venue
A ce premier chagrin c'est toi qui as pleuré
Et puis vint un "je t'aime" qui nous a séparés.
J'arrête là les mots qui font cette chanson
J'ai tant de souvenirs que ça ferait trop long
Mais rien ne dit qu'un jour je n'aurai pas raison
De faire d'autres couplets qui porteront ton nom
Ma ville.


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