Georges Chelon
MERCI CHRISTOPHE



Quand après cent leçons,
Cent leçons
Et quatre à cinq déroutes,
Cinq déroutes
Ma mère, par abandon
Du permis fut nantie
Fut nantie
Pensant qu'il était bon
Était bon
De le mettre en pratique
En pratique
Dans les rues désertiques
Tous deux sommes partis

A vrai dire ce n'était point
N'était point
Par excès de vitesse
De vitesse
Que mes doigts en détresse
Serraient le frein à main

Non point bien sûr à nous entendre
Nous entendre
On pouvait se méprendre
Se méprendre
Nous faisions, je le crains bien
Beaucoup de bruit pour rien

Adieu pistons et engrenages
Adieu chers disques d'embrayage
C'est avant l'âge qu'il faut mourir
Que de pleurs et que de détresse
Ma pauvre chère boîte à vitesses
Avec les femmes, il faut souffrir

Le compteur à 120,
A 120
C'est de l'eau dont je parle
Dont je parle
A perte de pédales
Nous roulions néanmoins,
Néanmoins
Les yeux guettant l'obstacle
Oui, l'obstacle
Ça tenait du miracle
Du miracle
Si une fois bien en vue
On n'y passait dessus

Adieu piéton, adieu mon frère
Comme Attila, voici ma mère
Là où elle passe, la vie trépasse
Clous ou pas clous
Feux rouges ou verts
De toute manière
Fais tes prières
Moteur à terre, elle chasse

Oserais-je vous dire
Oui vous dire
Les malheureuses suites,
Tristes suites
Qu'après notre passage
En ville, on déplora
On déplora
Combien de fausses couches,
Fausses couches
Et de dingues avant l'âge
Avant l'âge
Mais aussi que d'aphones
Qui retrouvèrent la voix

Merci mon Saint
Mon Saint Christophe
Sans toi sur une catastrophe
Notre humble vie aurait calé
Bonjour la vie, adieu voiture
Le sort pour toi a été dur
L'heure est venue de nous quitter

Allez Maman prends tes affaires
Nous avons de la route à faire
Tu as conduit
Il faut marcher


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