Gilles Descoteaux
MES VIEUX JOURS



Que je les trouve longues les journées maintenant
J'en ai pourtant usé quatre-vingt ans
Depuis que je suis abandonné icitte
Y a trop de temps du matin jusqu'à nuitte
Je compte les heures comme j'entasse les journées
Lentement je me meurs à force de m'ennuyer
Tous mes enfants je comprends sont occupés
Mais cinq minutes c'est-y trop leur demander

Je n'en peux plus de ces médicaments
Pourtant chez nous j'en mangeais pas autant
Je regardais l'heure pas mal moins souvent
Si je le pouvais j'ôterais toutes les cadrans
On me fa accroire que j'ai des traitements de faveur
On me donne mon bain pis on me couche de bonne heure
Moé je m'endors pas y me reste une solution
Dire mon chapela pis faire des oraisons

Mais ce qui me console c'est que tous mes vieux amis
Ont un sourire qui me redonne de la vie
Dans leur yeux clairs y a tant de vérité
Que je peux pas faire autrement que les aimer
J'ai hâte de les revoir demain au déjeuner
On va ressasser toutes nos vieilles histoires passées
C'est le seul moyen de chasser mon ennui
En attendant que le bon Dieu vienne me "cri"


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