Diane Dufresne
LES SCÉLÉRATS



Tu jauges, tu juge, tu jubiles
T'es le magnat de la bisbille
L'escogriffe qui sort son suif
Le négatif est ton actif

Et puis, t'épies l'interdit
Tu mets au pas les faits de la vie
Le grand maître du papier suie
Y a du pouvoir dans l'inédit

Où est ta source d'inspiration
Quand y faut que tu fasse sensation
Trouver le problème, la bonne raison
Faut que ça excite pour un bon titre

T'es la tache d'encre de l'écriture
Ton amertume sort de ta plume
C'est sûrement pour ça
Qu'à lire le journal on a les mains sales

Médire, maudire, démolir
Tu peux détruire pour le plaisir
Tenter tout chercher le pire
Tout t'est permis, y a rien à dire

T'es qui, pour dire ce que tu penses
Sans trop penser à ce que tu dis
Une grande gueule qui fait du bruit
Y a pas de pouvoir dans le non-dit

Faut que tu t'amuses à volonté
Quand t'égratigne une vérité
En barbouillant toutes tes pensées
L'oeuvre est au noir dans tes cahiers

T'es la tache d'encre de l'écriture
On voit l'écume au bout de ta plume
C'est sûrement pour ça
Qu'à lire le journal on a les mains sales

Si tu dénonces sans foi, ni loi
Et que tu t'en aperçois pas
Laissons les rats aux scélérats
Laissons aux rats les scélérats
Les scélérats


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