Thomas Fersen
JE SUIS MORT


Mon crâne est posé comme une pomme
Sur le serpent de ma colonne,
La nuit, dans cet accoutrement,
Je sors du placard à vêtements.

Quand vous dormez, je hante les ténèbres,
Je me promène en costume de zèbre,
Je suis squelette alors évidemment,
Je sors du placard à vêtements.

Je suis mort et j'en fais pas un drame,
Mon job c'est à la foire du Trône,
C'est moi qui fait crier les femmes,
Je suis squelette au train fantôme.

Ma femme et son amant Robert
Ne connaissent pas le remords,
Ils coulent une existence pépère
Sans moi depuis que je suis mort.

Ils m'ont avec persévérance
Et sans scrupules, empoisonné,
Histoire de toucher l'assurance
Sans jamais être soupçonnés.

Je suis mort et j'en fais pas un drame,
Mon job c'est à la foire du Trône,
C'est moi qui fait crier les femmes,
Je suis squelette au train fantôme.

Je leur fais mon joli sourire,
Je leur caresse les cheveux,
Elles sont jeunes, la mort les fait rire,
Elles sont belles, la mort n'est qu'un jeu.

À l'aube, je rase les murs
Et, par les trottoirs parisiens,
De peur qu'ils me volent un fémur,
Je rentre en évitant les chiens.

Je suis mort et j'en fais pas un drame,
Mon job c'est à la foire du Trône,
C'est moi qui fait crier les femmes,
Je suis squelette au train fantôme.


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