Patrick Font et Philippe Val
CHANSON POUR BRASSENS



Tu aurais pu prévenir un peu mon salaud
J'ai les doigts qui pèsent deux cent tonnes au piano
On s'en va pas comme ça à pied
Dans les prairies de l'eau-dela les enfants de la rue de la gaieté
N'en reviennent pas, n'en reviennent pas

Lorsque j'avais 3 sous à moi autrefois
C'était pas pour acheter de la marijuana
Je courais chercher la partition
D'une de tes putains de chanson
Qui me filait des crampes aux poignets
C'était le métier qui rentrait

Pardonnez-moi si ce soir je vous tutoie
Pour moi la Jeanne et l'Auvergnat
C'étaient toi
Un phare de bonté c'est éteint
C'est pas les rockers de libé
Ni leurs branleurs américains
Qui vont pouvoir nous consoler

Je t'imagine le pas débonnaire dans les cieux
Passant sans ôter ton chapeau
Devant le bon dieu
Et d'ailleurs on a beau savoir
Qu'il n'existe pas quand bien même
Comment ne pas lui en vouloir
Quand la mort nous prend ceux qu'on aime

Si tu croises de l'autre côté de l'horizon
L'ami Montaigne, Diderot et François Villon
Ils vont être content de te voir
L'éternité c'est emmerdant
Sans un petit air de guitare
Pour faire danser les neiges d'antan

Tu aurais pu prévenir un peu mon salaud
De Vanves à la Gaieté on a le coeur gros
Il nous reste un bouquet d'accord
Pour te chanter dans nos mémoires
Cent ans après coquin de sort
On grattera encore nos guitares


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