Bernard Lavilliers
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Septembre est venu dans la lumière
J'ai jeté mon sac à l'hôtel du port
Un goût de sel sur une paupière brûlée
Je veux savoir si tu m'aimes encore,
Si tu m'aimes encore

Accoudé au bar de l'univers
C'est l'heure où la bière se transforme en or
Un soleil rouge éclaire nos voiles usées
Je veux savoir si tu m'aimes encore,

Criolla
Ce soir je chanterai pour toi
Criolla
J'ai composé d'autres sambas
Je veux d'alcool et des chansons
Je veux les fruits de la passion
Tu verras au fond de mes yeux
Beaucoup de visages
Marins perdus, frères déchirés
Par les grands orages
Il y a trois sortes de gens
Les morts et les vivants
Et ceux qui sont en mer

La plage est déserte, j'entends la mer
Battre les remparts de Saint-Malo
Murs de granit que rien ne peut tomber
Dites-moi, si elle m'aime encore
J'ai le coeur gonflé d'un mal étrange
Comme les immigrants et les étrangers
Je ne sais pas si je dérange encore
Je ne sais rien, je viens d'arriver

Criolla
Ce soir tu danserais pour moi
Criolla
Dans le bar du tropicana
Chansons de mer, chansons d'amour
Au fond des verres, on voit le jour
Si tu veux encore de ma peau
De mes tatouages
Je dormirais dans ton lit clos
Très loin des nuages
Si rien n'est plus comme avant
Je se rais un mort vivant
Comme ceux qui sont en mer

J'ai ramené du rhum de Jamaïque
Et des champignons du Mexique
Je t'ai ramené des fleurs des tropiques
Et des gris-gris du Centre-Afrique
Des odeurs du sang de la musique
Des couleurs et des cicatrices
J'ai brûlé les bougies du saint
Arrosées de mon sang carmin
J'appelle Yemanja de la mer
Celle qui tue ou bien espère

La nuit est tombée sur mes prières
Elle s'est endormie à l'hôtel du port
Mon goût de sel sur sa crinière mouillée
Avec elle, je voyage encore...
Je voyage encore... je voyage encore...


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