Maxime Le Forestier
DON JUAN

G. Brassens


Gloire a qui freine a mort, de peur d'ecrabouiller
Le hérisson perdu, le crapaud fourvoyé!
Et gloire a don Juan, d'avoir un jour souri
A celle a qui les autres n'attachaient aucun prix!
Cette fille est trop vilaine, il me la faut.

Gloire au flic qui barrait le passage aux autos
Pour laisser traverser les chats de Lautaud!
Et gloire a don Juan d'avoir pris rendez-vous,
Avec la délaisse, que l'amour désavoue!
Cette fille est trop vilaine, il me la faut.

Gloire au premier venu qui passe et qui se tait
Quand la canaille crie "haro sur le baudet"!
Et gloire a don Juan pour ses galants discours
A celle a qui les autres faisaient jamais la cour!
Cette fille est trop vilaine, il me la faut.

Et gloire a ce cure sauvant son ennemi
Lors du massacre de la Saint-Barthélémy!
Et gloire a don Juan qui couvrit de baisers
La fille que les autres refusaient d'embrasser!
Cette fille est trop vilaine, il me la faut.

Et gloire a ce soldat qui jeta son fusil
Plutôt que d'achever l'otage a sa merci!
Et gloire a don Juan d'avoir ose trousser
Celle dont le jupon restait toujours baisse!
Cette fille est trop vilaine, il me la faut

Gloire a la bonne soeur qui, par temps pas très chaud
Dégela dans sa main le pénis du manchot
Et gloire a don Juan qui fit reluire un soir
Ce cul desherite ne sachant que s'asseoir
Cette fille est trop vilaine, il me la faut

Gloire a qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint
Se borne a ne pas trop emmerder ses voisins!
Et gloire a don Juan qui rendit femme celle
Qui, sans lui, quelle horreur! serait morte pucelle!
Cette fille est trop vilaine, il me la faut


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