Félix Leclerc
CE MATIN-LÀ


Quand deux oiseaux se battront le matin sous ta fenêtre
Et que leurs cris aigus te sortiront du lit,
Ne cherche ni le piège, ni le mal qui les agites ainsi;
Regarde dans la rue, le printemps est venu
Et si tu as aimé, tu t'attarderas, ce matin-là.

Le ruisseau qui zigzague et qui court pendant des milles,
Fouillant tous les bosquets jusqu'au fin fond des champs.
Cherche la source froide qui l'appelle derrière les bouleaux blancs.
Et tous deux réunis, confondus, se taisant
Iront mourir d'amour dans la mer.

Maintenant, quand tu dis que tu m'aimes
Et que tu danses au village
Avec tous les garçons qui ont cheveux bouclés
Tu mens effrontément... alors moi, demain, je m'en irai
Plus loin que ce pays, plus loin que les nuages
Et j'enverrai la mort te tuer, cher visage...
...Regarde dans la rue, le printemps est venu
Et si tu as aimé, tu t'attarderas, ce matin-là...


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