Félix Leclerc
LA CHANSON DU VIEUX POLISSON


Alors il entre chez lui, son feu est éteint, sa femme est partie depuis le matin
Elle a pris aussi les économies qu'il se gardait pour bâtir un chalet
Monsieur le curé l'a bien vu passer le fusil chargé et les yeux méchants
Lui a dit "Attends, fais pas l'insensé avant de tuer, il faut y penser"
Mais le coeur de Jean et bouillant ses dents lui mange le sang, il s'informe aux gens
Où est sa moitié?, on lui dit "voleur", jamais n'a crié du haut de sa demeure
Je la trouverai dussé-je marcher pendant seize années sur les continents
Dussé-je nager tout le Saint-Laurent, je la trouverai et la punirai
Il marcha cinq ans, il fila deux ans, le pauvre innocent il perdit son temps
Revint dans son champ vieilli de cent ans, sur le sol s'étend et meurt en sacrant
Monsieur le curé voulut expliquer que la femme Cloé s'était pas sauvée
Elle s'était coincée dans la cheminée en voulant cacher l'argent ramassé
Cette explication d'un jeune ramoneur qui dans la maison découvrit l'horreur
Mit un point final à cette chanson que chantait au bal un vieux polisson


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