Tex Lecor
GASTON LABROUSSE



Sortait de sa vache au début de mai avec les ours pis les siffleux
Les corneilles fraîchement arrivées faisaient leurs nids tout près de chez eux
Connaissait le vent, connaissait le bois, la biche, l'outarde, le carcajou
Le loup, la grive et les grandes oies, la migration du caribou

Gaston Labrousse

De Ville-Marie à Mont-Laurier savait les sources et les cours d'eau
L'odeur, la trace du gibier, le bois, la coulée, son canot
Partait en froid, revenait en doux chargé de fourrures et de soleil
Y semait le printemps partout avec son rire et sa bouteille

Un jour que l'automne était au seuil et que le vent pinçait ses doigts
De sa forêt il fit son deuil, l'amour remplaça le carquois
Lui qui n'avait jamais connu que les caresses d'un juillet
Pour elle il se serait pendu aux quatre coins de son nordêt

Où l'air est jaune à respirer, où le ruisseau sort du robinet
Il est resté longues années à se crever pour celle qu'il aimait
Un beau matin sans dire un mot, il ouvrit la porte de sa cage
Partit retrouver ses bouleaux, son lac et son grand vent du large

A son indienne qui l'attendait il remit son coeur en lambeaux
Reprit sa trappe et ses collets, sa tuque et sa chemise à carreaux
La loutre, la truite et le castor ont repris la course à nouveau
Et quand le vent sera du bon bord, y'aura de la fourrure dans le canot


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