Sylvain Lelièvre
LETTRE DE TORONTO



Salut Sylvain, comment ça va vieux frère?
Tu m'excuseras si j'ai pas trouvé le temps
De t'écrire avant mais y se passe trop d'affaires
Pis Toronto c'est pas la rue Saint-Jean

Ça fait six mois que je fais partie d'un groupe
Je joue des claviers, pis c'est plus que trippant
Faut dire qu'icitte, la musique est au boutte
Plus rien à voir avec nos shows d'avant

Prends pas ça mal, j'aime encore tes poèmes
Mais c'est fini le trip des boîtes à chansons
Faut penser gros pour détruire le système
Pis les Anglais, y'a rien à faire, ils l'ont

Si tu voyais le stock qu'on déménage
Juste pour te dire, ça nous prend deux camions
Plus rien qui manque quand on part en voyage
Pis pus jamais de maudit problème de son

Je t'envoie les mots d'une toune que je viens d'écrire
C'est pas de ma faute, chus meilleur en anglais
Mais si des fois, tu pouvais me la traduire
Ben entendu, c'est moi qui la chanterais

On vient de signer cinq ans chez C.B.S.
Y nous ont dit que tout ce qui nous manquait
C'est une toune française pour le marché de l'est
Sont forts à CHOM, t'inquiète pas du succès

Le mois prochain, on part pour Los Angeles
Vu que note gérant est en Californie
On a compris qui ce qui tire les ficelles
Et si des soirs je m'ennuie de mes amis

Mon seul pays maintenant c'est la musique
Pis la musique, c'est les États-Unis
Viens faire un tour avant d'être folklorique
Tu verras bien si c'est vrai ce que je te dis


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