Muriel Millard
NOS VIEILLES MAISONS



Si vous voyagez un brin du côté de St-Cantin
Dites bonjour à mes parents qui habitent le cinquième rang
Vous ne pouvez pas les manquer prenez le chemin pas pavé
Près de la maison vous verrez y'a une croix qu'on a plantée
En vous voyant arriver maman ôtera son tablier
Et dira mais entrez donc passez donc dans le salon
Le plancher tout frais ciré qu'on ose à peine y marcher
Le bouquet de fleurs des champs embaume l'appartement
Que c'est charmant chez nos parents
Ce que ça sent bon dans nos vieilles maisons

Sitôt que vous serez entrés, il faudra vous dégreiller
On vous garde pour le souper car ce soir y'a une veillée
On vide la chambre des garçons roule le tapis du salon
Heureux, le père tire une bouffée en attendant les invités
Les voisins arrivent également avec leurs douzaines d'enfants
On monte en-haut les coucher, cinq par lit, on est tassés
Quand ils sont bien endormis, on ferme la porte sans bruit
On descend le coeur joyeux en entendant les violoneux
Ah! que c'est gai dans nos veillées
Ce que ça sent bon dans nos vieilles maisons

Pour ceux qui prennent un petit coup papa sort son caribou
Quand on est bien réchauffés, on s'invite pour danser
Ti-Jean avec Joséphine, le grand Jos avec Caroline
Thérèse avec Poléon et pis les maîtres de la maison
Les violons sont accordés, les musiciens tapent du pied
C'est nésime qui va câler le premier set de la veillée
Swinger là sur ce plancher-là, les gigueux sont un peu là
Thérèse qui étouffait est allé ôter son corset
Dansons gaiement, c'est le bon temps
Du rigodon dans nos vieilles maisons

Et pis c'est le temps du réveillon, la mère a fait des cretons
Du ragoût de pattes de cochons, des tourtières, du jambon
Pour dessert y'a sur la table, notre bon sirop d'érable
Des beignes, de la crème d'habitant, les ceintures changent de cran


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