Marc Ogeret (1973)
LA CHANSON DE CRAONNE
Paroles: anonyme, musique: Adhémar Sablon, 1917


Quand au bout de huit jours, le repos terminé
On va reprendre les tranchées
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile.
Mais c'est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher,
Et le coeur bien gros, comme dans un sanglot
On dit adieu aux civelots.
Même sans tambour, même sans trompette
On s'en va là-haut en baissant la tête

REFRAIN:
Adieu la vie, adieu l'amour
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne, sur le plateau,
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés.

Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la relève
Que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et dans le silence
On voit quelqu'un qui s'avance:
C'est un officier de chasseurs à pied
Qui vient pour nous remplacer
Doucement, dans l'ombre, sous la pluie qui tombe,
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.

REFRAIN

C'est malheureux de voir, sur les grands boulevards,
Tous ces gros qui font la foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous, c'est pas la même chose
Au lieu de se cacher, tous ces embusqués
Feraient mieux de monter aux tranchées
Pour défendre leurs biens, car nous n'avons rien
Nous autres, les pauvres purotins.
Tous les camarades sont enterrés là
Pour défendre les biens de ces messieurs-là

Ceux qui ont le pognon, ceux-là reviendront
Car c'est pour eux qu'on crève
Mais c'est fini, car les troufions
Vont tous se mettre en grève
Ce sera votre tour, messieurs les gros
De monter sur le plateau
Car si vous voulez la guerre
Payez-la de votre peau!


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