Gaston Ouvrard
C'EST BEAU LA NATURE


Dernière ment ayant une permission
J'avais pris le train le bonheur dans l'âme
Et pendant le trajet les yeux pleins de flammes
Je suis resté tout le temps en admiration
J'ai vu des montagnes et des pâturages
Des vallons des plaines et puis des grands trous
J'ai vu des grandes villes et des petits villages
Et tout ce que j'ai vu c'était beau comme tout.

Les buissons se couvraient de belle aubépine
La mousse cachait la fraise des bois
Le merle fleurtait avec l'églantine
Et du rossignol j'entendais la voix.
Dans les beaux jardins des pommes de terre
Fleurissaient gaiement sous le ciel d'azur
Un vieux jardinier arrosait la terre
Pendant que les petits pois poussaient contre un mur
Et je m'écriais de ma voix la plus pure
Oh c'est beau! la natu-u-re.

Quand j'ai vu le spectacle offert à mes yeux
Je me suis senti l'âme d'un poète
Et je me suis collé pour pas perdre une miette
Le nez sue le carreau, afin d'y voir mieux
Et comme mon haleine faisait sur la glace
Des petits brouillards qui m'empêchaient de voir
Toutes les 2 minutes pour que ça s'éfface
Je frottais le machin avec mon mouchoir

J'ai dans la forêt vu des nids de merles
Au seuil des maisons les chats ronronnaient
Le ruisseau jaseur égrenait des perles
Quand le train passait les chiens aboyaient
Le facteur roulait sur sa bicyclette
Les brebis faisaient téter leurs petits
Une lavandière lavait ses chaussettes
Un joli chien noir gardait les brebis.
Les gendarmes à pied passaient sur la route
Des petits écureuils grignotaient des noix
La source chantait tombant goutte à goutte
Et les violettes embaumaient les bois.
La lune se cachait derrière un nuage
Timide un jeune veau broutait le gazon
Un pauvre chemineau en vagabondage
Seul raccommodait son vieux pantalon
Je voyais très bien au milieu de la plaine
Les vaches donner des coups de cornes aux boeufs
Et dans le firmament noir comme l'ébène
Les hannetons volaient au milieu des cieux
Et je m'écriais de ma voix la plus pure
Oh c'est beau! la natu-u-re.

Quelques jours plus tard de retour au quartier,
Je parlais aux copains de toutes ces merveilles
Ils ne pouvaient pas en croire leurs oreilles
Alors je leur dis "je vais vous expliquer"
Seule ment faudra pas me traiter d'andouille
Si je me trompe un peu j'en ai tellement vu
Que dans mon ciboulot tout ça, ça s'embrouille
Enfin... à peu près... voici ce que j'ai vu

Au fond du ruisseau j'ai vu des nids de merles
Et les papillons gaiement ronronnaient
J'ai vu des petits chats enfiler des perles
Quand les chiens passaient le train aboyait
J'entendais la voix des pommes de terre
Pendant que les petits pois flottaient dans le azur
Et dans un petit coin arrosant la terre
Un vieux jardinier poussait contre le mur
Les brebis roulaient sur leurs bicyclettes
Le facteur faisait téter son petit
Un joli chien noir mettait ses chaussettes
Une lavandière lavait ses brebis
Les pieds des gendarmes embaumaient la route
Au seuil des maisons fleurissaient les noix
Et les écureuils tombaient goutte à goutte
Et les violettes chantaient dans les bois.

Un pauvre cheminot derrière un nuage
Et un jeune veau voulait mettre un fond
Et sur le gazon en vagabondage
La lune se cachait dans son pantalon

Je voyais très bien au milieu de la plaine
Les hannetons donner des coups de cornes aux boeufs
Et dans le firmament noir comme l'ébène
Les vaches volaient au milieu des cieux
Moi je m'écriais de ma voix la plus pure
Oh c'est beau! la natu-u-re.


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