Nicolas Peyrac
MALIBU


Rencontrée par hasard au bout du monde
Cheveux coupés très courts sur tête blonde
Contemplait Malibu paupières closes
Semblait presque endormie au bout du quai
Là où commence l'infini

S'appelle Deborah comme dans les films
Où c'est toujours elle qui joue l'héroïne
Qui résiste à Bogart et qui succombe
Dans ces hôtels de passe
Où les lignes de vie s'entrecroisent à jamais

Habite quelque part sur la colline
Une maison bleu pâle mauve et violine
Où dorment ses pianos et ses poèmes
Et ses secrets et ses histoires d'amour
Commence des romans qu'elle ne finit pas
Qu'elle tape à la machine avec deux doigts
En buvant de ce thé qu'on dit de Chine
Et qui n'est que d'ailleurs
Ce quelque part, dehors du côté du couchant

Fume de temps en temps de l'hawaïenne
Pour avoir l'impression d 'avoir des ailes
Pour voir l'autre versant du Pacifique
Et l'envers, le couchant
Là où se perdent les alizés de la mémoire

S'entoure de musique pour mieux dormir
Pour ne pas que l'on cause des souvenirs
Pour ne pas qu'on lui parle d'une eau de vie
Se met la tête au coeur des symphonies


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