Edith Piaf
COUP DE GRISOU
Paroles: H. Contet, musique: Louiguy, 1943


C'était un homme sans condition
Un type qu'avait pas d'ambition
Pourtant, Bon Dieu! qu'il était fort
Il n'avait pas de situation
Et il travaillait au charbon
Dans les villes noires du Nord
On l'avait appelé: "Coup de grisou"
Un jour qu'il était en colère
Et qu'il avait mis sens dessus dessous
Tout un bistro avec les verres
A force de peiner dans le noir
Il n'aimait que la couleur du soir
Le soleil lui brûlait les yeux.
Le grand jour l'empêchait de parler
C'était un dieu de l'obscurité
Un dieu bien triste et malheureux
Un dieu bien triste et malheureux.

Car il aimait par-dessus tout
Une fille des plaines aux cheveux roux
Roux comme les sarments des vignes
Des cheveux où la lumière pleut
Ça le forçait à cligner des yeux
Comme si le soleil lui faisait signe
Elle l'emmenait dans les moissons
Par les frais chemins du dimanche
Tout était clair, tout était blond
Et la clarté prenait sa revanche
Ça lui faisait mal derrière le front
Mais il faisait des concessions.
Dame, il essayait d'être heureux.
C'est comme ça qu'on perd un amour
Elle l'a trompé par un beau jour
Avec un qui aimait le ciel bleu
Avec un qui aimait le ciel bleu.

Quand "Coup de grisou" a tout appris,
Il travaillait au fond du puits
Tout luisant de reflets tout noirs
Pendant dix secondes il n'a rien dit
Et puis d'un seul coup ça l'a pris,
Ah! c'était pas joli à voir,
Rien qu'à l'entendre on se demandait
Si le diable n'était pas sous terre.
Probable que ça lui ressemblait
Puisqu'il a tout foutu par terre.
Quand le vrai grisou s'en est mêlé,
A eux deux, ils ont fait sauter
La terre, la mine et tout le fourbi!
Après trois jours on l'a remonté
Avec sa part d'éternité.
Et quand on l'a sorti du puits
La lumière se moquait de lui
Le soleil donnait un gala
Pour l'embêter une dernière fois
Mais Coup de grisou était guéri
Il avait épousé la nuit...


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