Paul Piché
LA GIGUE À MITCHOUNANO


St-Scholastique ou parc Forillon
Fallait partir de bon matin
Pour les touristes ou leurs avions
On est toujours dans le chemin
Les gens ont perdu leurs maisons
Leurs terre et pis leur pays
Tout ce que j'ai pu faire
C'est une petite chanson
Qu'ira pas plus loin qu'ici

Dans le nord y a un moulin
Qu'y a empoisonné tous les indiens
Apparemment ça répondait
Vraiment à un besoin
Pis on leur de mande après ça
De regarder le bon côté de la vie
De pu chasser de pu pêcher
D'arrêter de faire des petits
Y aurait ni tête, ni pieds
Pourrait pas travailler
Dans le pâte et papier

Va-tu falloir attendre qu'y'aille
Démolir toutes nos maisons
Attendre d'être empilés dans des bâtisses
Faites en carton
Va-tu falloir attendre
D'être rendu fous, d'être affamés
Attendre d'avoir la corde au cou
Les mains ben attachées
Mais on a pas assez eu de misère
Y nous faudrait l'enfer
Avant de se révolter, avant de s'organiser

Pis les étudiants, objectivement
S'inquiètent pour passer le temps
Y gardent la connaissance entre eux
Comme le riche son argent
Ou ben on signe rien qu'une pétition
Mais c'est pas ben ben risqué
Y a pas de danger qui voient ton nom
Sur des feuilles tout fripées
C'est l'a qu'on se cache la face
Pour faire nos grimaces
Sur des bouts de papier

On s'est regardé à bout portant
Le nombril au premier plan
On sait qu'on est du monde peureux
Avec un bel accent
Mais va-tu falloir attendre
Qu'y viennent nous chercher
Comme des boeufs
Quand on sera rendu rien que de la viande
On sera pas moins nerveux
Mais on a pas assez eu de misère
Y nous faudrait l'enfer
Avant de se révolter, avant de s'organiser


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