Jean Rabouin
L'ACADIE


Il y a des soirs calmes et tranquilles
À l'heure où les oiseaux se taisent
Le fleuve est froid pour les filles
Qui offrent leurs corps à l'aise
Aux regards des hommes qui rient

Il y a des parfums qui se faufilent
Entre les rochers au bas d'une falaise
Et ce soleil qui plonge et qui brille
Au bleu et blanc de l'eau qui apaise
Ce sont les couleurs de l'Acadie

Je pense à vous je me sens si près
J'entends la voix de Marie-Cécile
Qui peut calmer le vent mauvais
Je pense à vous je me sens si loin
Je vois des yeux dont le bleu scintille
Si clair que le ciel est jaloux de l'Acadie

Ce pays qui n'a pas de frontières
Vit dans le coeur de tous ses enfants
Qui chantent les mots de leurs mères
Des femmes nobles et fières de leur sang
Je les entend même d'ici

Et la mémoire est longue et amère
À Baton Rouge ou à Shippagan
Et la langue aux accents des ancêtres
Raconte l'histoire d'un grand dérangement
Ce sont les douleurs de l'Acadie

Je pense à vous...

Voilà la mer qui monte
Elle remonte toujours
Vers nos châteaux de sable, nos châteaux de rêves
Qui se défont tour à tour
Fragiles projets sur la grève
À rebâtir tous les jours

Et bien avant que la nuit ne couvre
Tout l'espace qu'il y a entre nous
Le marche vers le temps qui s'ouvre
Aux gens qui rêvent mais qui se tiennent debout
Il vivent chez-moi et en Acadie

Je pense à vous...


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