Serge Reggiani
PRIMEVÈRE


C'est un bourgeon, c'est un bouton,
C'est pas plus haut qu'un quart de taon,
Qu'un frisson sur ma peau,
Mais ça renferme en miniature
Toute l'ambition de la nature,
De la graine au copeau...
Ça pousse calme, prend son temps,
Pour exploser dès le printemps
Dans un immense cri,
Dans l'écho libre, dans mon sang,
Qui fait de moi un renaissant avril
Et je fleuris...

Primevère, après le grand sommeil,
Le soleil grand ouvert,
Primevère, la vie sur une tige
Fait la pige a l'hiver,
Dans le repli d'une corolle,
Dans la cambrure d'un pétale,
Ces musiques et paroles
Du grand absent des cathédrales,
Primevère, je sais bien que tu meurs,
Ma rumeur éphémère,
Primevère, je sais bien que tu manges
Joliment la lumière,
Mais les nuits de janvier
Enneigent les calendriers,
L'univers fait l'amour
Prépare l'éternel retour...

Je suis muguet, je suis lilas,
La vie me tue, la vie est là,
Qui nargue mon destin,
Ma prisonnière, mon infidèle,
Je désespère et l'hirondelle
Arrive ce matin...
Mon moindre soupir est un chant,
J'ai l'âme en friche dans un champs
Si riche de moissons,
Que tout un univers de blé
N'y pourra jamais ressembler
L'espoir est ma chanson...

Primevère, après le grand sommeil,
Le soleil grand ouvert,
Primevère, la vie sur une tige
Fait la pige a l'hiver,
Dans le repli d'une corolle,
Dans la cambrure d'un pétale,
Ces musiques et paroles
Du grand absent des cathédrales,
Primevère, je sais bien que tu meurs,
Ma rumeur éphémère,
Primevère, je sais bien que tu manges
Joliment la lumière,
Mais les nuits de janvier
Enneigent les calendriers,
L'univers fait l'amour,
Prépare l'éternel retour...

Primevère, primevère...


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