Alain Simard
MARIA ET L'EAU


Il s'est passé au moins une heure avant qu'elle ne revienne
Et moi je suis resté par terre devant son album de photos
Toute sa vie défilait devant mes yeux comme si je me noyais pour elle
Dans un verre de vodka

Étendu sur sa moquette la pièce d'ailleurs était beaucoup trop sèche
Car je prenais des petits chocs à chaque page du bout des doigts
Que je tournais je voulais être proche et lui dire à quel point
J'avais souvent rêvé d'elle
Rêvé d'elle rêvé d'elle rêvé d'elle

Et je sens le sang qui bout en moi
Quand elle me regarde à chaque fois
Et malgré les risques
Malgré les pages de statistiques
Je ne me méfie pas

Son regard dans mon regard avait quelque chose qui tenait du soir
Bien caché dans le creux de sa main moite et lové dans le cachot de ma soif

Elle était obsédé par le cadran au quartz qui indiquait toujours
Onze heures onze et onze secondes

Et plus tard dans la salle de bain dans la baignoire la peau blanche de ses seins
Elle parlait de ses liens avec son père j'ai vu à travers le puit de lumière
Que le jour se levait que le ciel pâlissait sur sa peau qui glissait
Dans l'eau en silence

Et je sens le sang qui bout en moi
Quand elle me regarde à chaque fois
Et malgré les risques
Malgré les pages de statistiques
Je ne me méfie pas

Et je sens le sang qui bout en moi
Quand elle me regarde à chaque fois
Et malgré les risques
Malgré les pages de statistiques
Je ne me méfie pas


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