Alain Souchon
L'AUTORAIL
1977


Laisse le jumbo où qu'il aille.
Viens faire un beau voyage de paille.
Plus de bas résille, vieux chandail,
On se taille, bye bye.
C'est une Micheline, autorail
Qui tire, qui fume, qui travaille,
De la pacotille sur des rails,
Dentelle et skaï.

Toute la nuit les jolis boogies nous feront bouger.
Ça fera du boogie woogie gai.
Avec le champagne, je suis pas sûr que, dans le tunnel noir,
On fasse pas l'amour dans le couloir.

Laisse les Seychelles aux blasés,
Ces prospectus au panier.
C'est du décor, du papier, du préfabriqué.
C'est une diesel compensée, deux roues motrices, cylindres en V,
Les gares, pressés, chaud le café,
Vite, baiser sucré.

La vitesse est telle qu'il a vite été le tunnel
Et nous voilà tout nus à Vittel.
T'as un grain de beauté que j'avais pas vu tout à l'heure,
Sur ta peau là où il y a le coeur.

Micheline, lézard, quel panard,
Viaducs, rivières, tout le bazar
Et vive l'erreur d'aiguillage qui nous laisserait, toi et moi,
Deux mois sur voie,
Deux mois sur voie,
Deux mois sur voie de garage.

Contre les compagnies aériennes, je n'ai aucun grief,
Mais tout de même... SNCF.


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