La tordue
SUR LE PRESSOIR
Texte: Gaston Couté


Sous les étoiles de septembre
Notre cour à l'air d'une chambre
Et le pressoir d'un lit ancien;
Grisé par des vendanges
Je suis pris d'un désir étrange
Né du souvenir des païens.

Couchons ce soir
Tous les deux sur le pressoir
Dis faisons cette folie?
Couchons ce soir
Tous les deux sur le pressoir
Margot, Margot ma jolie!

Parmi les grappes qui s'étalent
Comme une jonchée de pétales
O ma bacchante roulons nous
J'aurais l'étreinte rude et franche
Et les tressauts de ta chair blanche
Écraseront les raisins doux

Couchons ce soir
Tous les deux sur le pressoir
Dis faisons cette folie?
Couchons ce soir
Tous les deux sur le pressoir
Margot, Margot ma jolie!

Sous les baisers et les morsures,
Nos bouches et les grappes mûres
Mêleront leur sang généreux;
Et le vin nouveau de l'Automne
Ruissellera jusqu'en la tonne,
D'autant plus qu'on s'aimera mieux!

Couchons ce soir
Tous les deux sur le pressoir
Dis faisons cette folie?
Couchons ce soir
Tous les deux sur le pressoir
Margot, Margot ma jolie!

Au petit jour dans la cour close
Nous boirons la part du vin rose
Oeuvré de nuit par notre amour;
Et, dans ce cas tu peux m'en croire,
Nous aurons pleine tonne à boire
Lorsque viendra le petit jour!

Couchons ce soir
Tous les deux sur le pressoir
Dis faisons cette folie?
Couchons ce soir
Tous les deux sur le pressoir
Margot, Margot ma jolie!


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