Pierre Vassiliu
LES PAUVRES ET LES RICHES


A peine arrivé dans ce bazar,
Je sentais les odeurs des boulevards,
La sueur, la chaleur du métro
Dans le ventilo du tango.
Y'avait tellement de monde au comptoir
Que je pouvais pas voir,
Je pouvais pas voir la fille qui chantait,
Qui buvait son désespoir.

Y'a pas moyen d'être avec un mec
Sans qu'il pense que tu pars avec.
Où va l'amitié? C'est toujours,
Toujours les mêmes qu'ont le fric.

J'ai réussi à venir près du bar
Et j'ai pu la voir,
Enfin j'ai vu filer les perles
De ses nattes noires
Qui balayèrent mon verre sur le comptoir,
Qui tomba sur mon pantalon de cuir.
Elle m'a regardé,
Elle m'a dit: "Excuse-moi pour le verre."
Voilà que je me mets à boire.

Y'a pas moyen...

Et comme il était vraiment tard,
Ils nous ont dit d'aller nous faire voir.
On s'est retrouvés sur le trottoir
Elle m'a dit: "Qu'est-ce que tu fais?"
Je lui dit: "Je sais pas, on va voir."
On va voir. On va voir quoi,
Plutôt que de rester planté là?
Emmène-moi quelque part,
Tu comprends
Y'a pas moyen..."

Les riches seront toujours aussi riches
Et les pauvres encore plus pauvres
On t'apprend ça quand tu nais.


À la page des textes de Pierre Vassiliu
À la page des textes