Tina Arena
LES TROIS CLOCHES Paroles et musique: Jean Villard - Gilles, 1945
Village au fond de la vallée,
Comme égaré, presqu'ignoré.
Voici qu'en la nuit étoilée
Un nouveau-né nous est donné.
Jean-François Nicot il se nomme.
Il est joufflu, tendre et rosé.
A l'église, beau petit homme,
Demain tu seras baptisé.
Une cloche sonne, sonne.
Sa voix, d'écho en écho,
Dit au monde qui s'étonne:
"C'est pour Jean-François Nicot.
C'est pour accueillir une âme,
Une fleur qui s'ouvre au jour,
À peine, à peine une flamme
Encore faible qui réclame
Protection, tendresse, amour."
Village au fond de la vallée,
Loin des chemins, loin des humains.
Voici qu'après dix-neuf années,
Coeur en émoi, le Jean-François
Prend pour femme la douce Elise,
Blanche comme fleur de pommier.
Devant Dieu, dans la vieille église,
Ce jour, ils se sont mariés.
Toutes les cloches sonnent, sonnent,
Leurs voix, d'écho en écho,
Merveilleusement couronnent
La noce à François Nicot.
"Un seul coeur, une seule âme",
Dit le prêtre, "et, pour toujours,
Soyez une pure flamme
Qui s'élève et qui proclame
La grandeur de votre amour."
Village au fond de la vallée.
Des jours, des nuits, le temps a fui.
Voici qu'en la nuit étoilée,
Un coeur s'endort, François est mort,
Car toute chair est comme l'herbe,
Elle est comme la fleur des champs.
Épis, fruits mûrs, bouquets et gerbes,
Hélas! vont en se desséchant...
Une cloche sonne, sonne,
Elle chante dans le vent.
Obsédante et monotone,
Elle redit aux vivants:
"Ne tremblez pas, coeurs fidèles,
Dieu vous fera signe un jour.
Vous trouverez sous son aile
Avec la vie éternelle
L'éternité de l'amour."