Barbara
L'HOMME EN HABIT P. Delanoë - D. Modugno - M. Treppiedi, 1958
Montmartre et sa colline
Ont mis une sourdine
Les lumières s'éteignent
La lune enfin peut briller
Quelques rires sonores
Se font entendre encore
Des filles passent lasses
Pressées d'aller se coucher
Le laitier seul au monde
A commencé sa ronde
Faisant vibrer la nuit
Du bruit de ses bidons
De lait
Et voici l'homme en habit
Cet élégant gentilhomme
Porte un chapeau haut-de-forme
Une cape de soie noire
Et canne à pommeau d'ivoire
Et son gilet tout blanc
Un papillon, un papillon
En tissu bleu
De sa démarche élégante
Il descend les rues en pente
La mine aristocratique
Et le geste mécanique
D'un homme qui ne sait pas
Ni d'où il vient
Ni d'où il vient
Ni où il va
Mais voici la lumière
De tristes réverbères
Que l'homme dévore
Comme des lambeaux de nuit
Une fenêtre baille
Sur un homme qui baille
Faut qu'il aille au travail
Il a sommeil et ça l'ennuie
L'homme en habit s'avance
Vers le fleuve en silence
Et tombe comme une ombre
Dans le noir qui l'engloutit
Emportant l'homme en habit
Cet élégant gentilhomme
Portait un chapeau haut-de-forme
Une cape de soie noire
Et canne à pommeau d'ivoire
Et sur son gilet tout blanc
Un papillon, un papillon
En tissu bleu
Il n'est plus de notre monde
Et descend au fil de l'onde
Comme un poisson fantastique
Sous les pierres des ponts antiques
Et son âme ne sait pas
Ni d'où elle vient
Ni d'où elle vient
Ni où elle va
Adieu, adieu, adieu gentilhomme
C'est une charmante idée
D'avoir mis pour voyager
A travers l'éternité
Ton costume de marié
Adieu.