François Béranger
MAMADOU M'A DIT Paroles et musique: François Béranger, 1979
REFRAIN:
Mamadou m'a dit, Mamadou m'a dit:
"On a pressé le citron, on peut jeter la peau."
Mamadou m'a dit, Mamadou m'a dit:
"On a pressé le citron, on peut jeter la peau."
Les citrons, c'est les négros,
Tous les bronzés d'Afrique,
Sénégal, Mauritanie,
Haute-Volta, Togo, Mali,
Côte d'Ivoire et Guinée,
Benin, Maroc, Algérie,
Cameroun et tutti quanti,
Cameroun et tutti quanti.
Les colons sont partis
Avec des flonflons,
Des discours solennels,
Des bénédictions.
Chaque peuple, c'est normal,
Dispose de lui-même
Et doit s'épanouir
Dans l'harmonie.
Une fois qu'on l'a saigné
Aux quatre veines,
Qu'on l'a bien ratissé
Et qu'on lui a tout pris.
REFRAIN
Les colons sont partis.
Ils ont mis à leur place
Une nouvelle élite
De noirs bien blanchis.
Le monde blanc rigole.
Les nouveaux, c'est bizarre.
Sont pire que les anciens.
C'est sûrement un hasard.
Le monde blanc rigole
Quand un petit sergent
Se fait sacrer Empereur
Avec mille glorioles.
Après tout, c'est pas grave.
Du moment que terres
Produisent pour les blancs
Ce qui est nécessaire.
Le coton, l'arachide,
Le sucre, le cacao
Remplissent les bateaux,
Saturent les entrepôts.
REFRAIN
Après tout, c'est pas grave.
Les colons sont partis.
Que l'Afrique se démerde.
Que les paysans crèvent.
Les colons sont partis
Avec, dans leur bagages,
Quelques bateaux d'esclaves
Pour pas perdre la main
Quelques bateaux d'esclaves
Pour balayer les rues.
Ils se ressemblent tous
Avec leur passe-montagnes.
Ils ont froids à la peau
Et encore plus au coeur.
Là-bas, c'est la famine
Et ici, la misère
Et comme il faut parfois
Manger et puis dormir
Dans des foyers taudis,
On vit dans le sordide.
REFRAIN
Et puis un jour, la crise
Nous envahit aussi
Qu'on les renvoie chez eux.
Ils seront plus heureux
Qu'on leur donne un pourboire.
Faut être libéral
Et, quant à ceux qui râlent,
Un bon coup de pied au cul.
Vous comprenez, Monsieur,
C'est quand même pas normal.
Ils nous bouffent notre pain.
Ils reluquent nos femmes.
Qu'ils retournent faire les singes,
Les singes dans leur cocotiers,
Tous nos bons nègres à nous
Qu'on a si bien soignés
Et puis, ce qui est certain,
C'est qu'un rien les amuse.
Ils sont toujours à rire.
Ce sont de vrais gamins.