Grâce aux dieux mon malheur passe mon espérance
Oui je te loue, ô ciel de ta persévérance
Appliqué sans relâche au soin de me punir
Au comble des douleurs tu m'as fait parvenir
Ta haine a pris plaisir à former ma misère
J'étais né pour servir d'exemple à ta colère
Pour être du malheur un modèle accompli
Hé bien je meurs content, et mon sort est rempli
Où sont ces deux amants pour couronner ma joie
Dans leur sang, dans le mien, il faut que je me noie
L'un et l'autre en mourant je les veux regarder
Réunissons trois coeurs qui n'ont pu s'accorder
Mais quelle épaisse nuit tout à coup m'environne
De quel côté sortir d'où vient que je frissonne
Quelle horreur me saisit grâce au ciel j'entrevoie
Dieux quels ruisseaux de sang coulent autour de moi
Quoi, Pyrrhus, je te rencontre encore
Trouverai-je partout un rival que j'abhorre
Percé de tant de coups comment t'es tu sauvé
Tiens, tiens voilà le coup que je t'ai réservé
Mais que vois-je à mes yeux Hermione l'embrasse
Elle vient l'arracher au coup qui la menace
Dieux, quels affreux regards elle jette sur moi
Quels démons, quels serpents traîne-t-elle après soi
Eh bien, filles d'enfer, vos mains sont-elles prêtes
Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes
À qui destinez-vous l'appareil qui vous suit
Venez-vous m'enlever dans l'éternelle nuit
Venez, à vos fureurs Oreste s'abandonne
Mais non, retirez-vous, laissez faire Hermione
L'ingrate mieux que vous saura me déchirer
Et je lui porte enfin mon coeur à dévorer