Arrêtons-nous quelques instants
Sur ces trente années de voyage,
Sur cette crête d'océan
Qui balance entre deux rivages.
Ce mur qui tombe dans la vie,
C'était notre port de départ.
Notre arrivée est dans la nuit.
Ce havre est baigné de brouillard.
Vous, creux de vagues: nos amours
Vous, doigts d'écume: nos colères,
On vous a laissé libre cours
Et nous nous sommes laissés faire.
Mais à ce point de notre vie,
De ce côté de la balance,
Le fléau penche dans l'oubli,
L'autre est pointé sur l'espérance.
Ouvrez les portes de la vie,
Nous entrons, on nous attend.
Nous sommes nus
Et nos cheveux s'étirent dans le vent.
Nous n'avons rien compris
De ce que nous avons appris,
Nous sommes les tombés-du-nid.
Ouvrez les portes de la vie
Nous entrons car il est temps.
Nous sommes sans profit,
Sans intérêt et sans argent.
Nous venons les mains nues,
Nous avons laissé nos pavés,
Nous n'avons pris
Que ce qui vous manquait.
Nous bâtirons des cathédrales
Avec des pierres d'amour.
Elles fouilleront les étoiles
Avec leurs doigts de velours.
Nous ferons respirer les mers,
Nous ferons ressentir les fleurs,
Nous allons faire mourir la guerre
Et faire battre tous les coeurs.
Et nous gagnerons l'autre rive,
Ce havre sorti du brouillard,
Au lieu d'une falaise vive,
Comme notre port de départ.
Ce ne sera que sable d'or,
Aux grains mûris par des soleils,
Et là nous ancrerons nos corps
Et nous trouverons le sommeil.
Ouvrez les portes de la vie
Nous entrons, on nous attend.
Nous sommes nus
Et nos cheveux s'étirent dans le vent.
Nous n'avons rien compris
De ce que nous avons appris,
Nous sommes les tombés-du-nid.
Ouvrez les portes de la vie
Nous entrons car il est temps.
Nous sommes sans profit,
Sans intérêt et sans argent.
Nous venons les mains nues,
Nous avons laissé nos pavés,
Nous n'avons pris
Que ce qui vous manquait.