Georges Chelon
PARIS N'A PLUS L'AIR DE PARIS



Paris n'a plus l'air de Paris,
Paris n'a que l'air d'aujourd'hui,
Paris n'a plus l'air d'une dame.
A coup de rides ravalées,
Elle veut oublier son passé
Comme le font beaucoup de femmes.
C'est une ancêtre aux cheveux blancs,
Qui voudrait rester dans le vent
Et qui se met des mini-jupes.
Quand elle montrait ses jambes, avant,
Au moins c'était un bon moment,
Ce jour plus personne n'est dupe.

Paris n'a plus l'air de Paris
Paris n'a que l'air d'aujourd'hui
Paris n'a plus l'air d'une dame.

Moi je voudrais qu'elle ait l'air
D'une grande dame d'hier,
Et non d'une femme sans âge
Qui me parle un même langage.

Moi je voudrais qu'elle ait l'air
D'une bonne vieille grande mère,
Avec des rides aux coins des yeux
Et de l'argent dans ses cheveux.

Paris n'a plus l'air de Paris,
Paris n'a que l'air d'aujourd'hui,
Paris n'a plus l'air d'une dame.
A force de se rajeunir,
Elle finit par mal vieillir,
Comme le font certaines femmes.

Elle a démoli ses remparts,
S'est ouverte de toutes parts,
Il n'y a plus rien qui l'arrête.
Elle a vendu tous ses secrets,
Et même son intimité,
Ce n'est plus qu'une ville offerte.

Paris n'a plus l'air de Paris
Paris n'a que l'air d'aujourd'hui,
Paris n'a plus l'air d'une dame.

Moi je voudrais qu'elle ait l'air
D'une raconteuse d'hier
Qui serrerait un peu le poing,
Jalouse des lignes de sa main.

Moi je voudrais qu'elle ait l'air
D'une vieille ville d'hier
Avec des rides aux coins des rues,
Avec des semblants d'avenues.

Paris n'a plus l'air de Paris
Paris n'a que l'air d'aujourd'hui
Paris n'a plus l'air d'une dame.
Paris sera toujours Paris,
Mais telle qu'elle se montre aujourd'hui,
Ce n'est plus qu'une vague à l'âme.


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