Georges Chelon
QUINZE, VINGT ET PLUS



Têtes brunes, têtes blondes
Les menues et les girondes,
Les infinies des gambettes
Les "en bas", les "en chaussettes",
Tout était bon à quinze ans
Pour nos juvéniles dents.

Que le nez fût en trompette,
Qu'elles aient ou non des fossettes,
Qu'elles soient plates ou qu'elles en pètent,
Qu'importe, je le répète,
C'était toujours assez bien,
Pour nous dégourdir les mains.

Les boutons s'en sont allés,
Le mâle a fait son entrée,
Dents pointues et mains bien façonnées,
Finies les plates fillettes,
Nos péchés de l'âge bête,
Maintenant il nous faut du concret.

Qu'elles soient bègues ou qu'elles zozotent,
Que ça tienne ou que ça flotte,
Qu'elles soient sportives ou poètes,
Polarisées ou bébêtes,
L'important c'est qu'à vingt ans
On en ait pour notre argent.

Tout devant et tout derrière,
C'est là le gros de l'affaire,
On se méfie des faussaires
Qui paraissent bien en chair
Mais qui, juste au bon moment,
Se dégonflent sous vos dents.

Rassasié de chair facile,
Fatigué d'amours stériles,
Vient le temps d'un repos bien gagné,
On aspire à ses pantoufles,
C'est bien beau mais ça essouffle,
Maintenant il faut se marier.

On la veut mince, elle est ronde,
On la veut brune, elle est blonde,
Vous ne la vouliez pas trop sotte,
Elle est complètement idiote,
Vous qui l'aviez façonnée,
Vous la prenez comme elle est.
Vous qui l'aviez façonnée,
Vous vous en contenterez.


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