Venez avec moi chez les poilus,
Dans la tranchée, sous les obus:
Vous voyez les hommes occupés,
Dans leur travail, très absorbé;
Avec une lime,
Avec son couteau,
Chacun d'eux s'escrime
Après un anneau,
Il taille en silence, l'air très sérieux,
Cisèle un bijoux précieux.
REFRAIN:
Non! le sinistre éclat d'obus
Méchant ne sera jamais plus.
Le poilu, de sa main habile,
En fait un anneau fragile,
Grave dessus un petit coeur,
Une croix ou même une fleur,
L'éclat meurtrier n'est plus reconnu,
C'est la bague du poilu!
Boche avait dit: "Répandre la mort,
Métal léger, voilà ton sort".
Poilu de parler ayant son tour,
Dit: "tu seras gage d'amour"
Et ta fiancée
Bientôt le reçoit,
L'épouse charmée
Le porte à son doigt,
Alors du soldat, le coeur affectueux,
Tressaille à présent tout joyeux.
REFRAIN
Un jeune et gentil petit soldat
(Je l'ai su un jour, passant par là),
Avait fait sa bague simplement,
Puis à son doigt, très fièrement,
Amoureux fidèle,
Il portait l'anneau;
Songeant à sa belle,
Ah! qu'il était beau!
Mais le nom chéri qu'il murmurait le soir,
Ses amis ne pouvaient le savoir.
Non! le sinistre éclat d'obus,
Depuis lors, méchant n'était plus,
Le poilu de sa main habile,
Avait fait l'anneau fragile;
Il n'avait pas gravé de fleur
Mais trois mots, dans l'intérieur;
Pourtant, ces trois mots, nul ne les avait lus,
Dans la bague du poilu!
Bien grand était l'amour, dans son coeur,
Qui lui donnait un air vainqueur,
Oh! mais aussi bien mystérieux,
Il le cachait à tous les yeux!
"Non sa fiancée
Ne lui écrit pas".
C'était la pensée
Des autres soldats,
Mais lui, cependant, satisfait de son sort,
L'aimait, l'aima jusqu'à la mort!
Lorsqu'un soir un éclat d'obus
Étendit raide le poilu!
Ses amis, ô douleur amère,
Durent l'enfouir dans la terre!
Et retirant l'anneau précieux,
Les trois mots frappèrent leurs yeux:
"Vive la France" voilà ce qu'ils ont lu,
Dans la bague du poilu!