L'ÉPERVIER FAROUCHE


Planant dans l'azur sans nuage,
Quel est cet étrange oiseau noir?
Son oeil a des reflets sauvages,
Qu'a-t-il pu apercevoir?
Il décrit des cercles funestes,
Puis, doucement descend, descend,
Comme une malédiction céleste
Sur des oisillons innocents.

L'épervier farouche
Vole au-dessus de vos toits,
Son allure est louche
Et son regard est sournois;
Dans vos nids timides,
Mères, gardez vos petits!
Car le rapace avide
A beaucoup d'appétit.

Ainsi, une pauvre ouvrière
Vivait près de son cher trésor;
C'était sa petite Gisèle:
Une enfant pure, un vrai coeur d'or,
Qui travaillait comme cousette
En haut de la rue des Martyrs,
Et le samedi à la Galette,
Elle dansait pour se divertir.

L'épervier farouche
Te guette, méfie-toi!
Son allure est louche
Et, déjà, tu es sa proie.
Il t'enlace et danse
La valse aux accents troublants;
Mais le brigand manigance
Ta perte, pauvre enfant!

En effet, au bout d'une semaine
La petite était en maison,
Et dans cette ambiance malsaine
Avait perdu ses illusions.
Prenant un couteau sur la table,
Elle s'en transperça le coeur
En maudissant le misérable
Qui s'enfuit cynique et moqueur.

L'épervier farouche
Le souteneur sournois,
Au fond des rues louches
S'envole vers d'autres proies.
Dans vos nids timides,
Mères, gardez vos petits!
Car le rapace avide
A beaucoup d'appétit!


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