LE GARDIEN DE PHARE
Paroles: Georges Pierre Moreau, musique: Georges Stalin, 1936


Le phare se dressait comme un "I"
Au large des côtes bretonnes
L'océan beuglait jour et nuit
Comme une vache qui moutonne!
Les coups de mer tonnaient un à un
Avec un bruit de canonnade
Le vent de norois chargé d'embruns
Postillonnait sa sérénade
Et les goélands aux abois
Goëlaient comme des putois!

Le gardien était jeune et beau
Il vivait seul. Pour se distraire
Il attrapait les bigorneaux
Au lasso... c'était sa manière
Et quand les ténèbres tombaient
Alors il allumait son phare
Et les pêcheurs, au loin, pensaient:
Le gardien à le jeu quelque part
Et les courlis dans leur dodo
Courlissaient vivement les rideaux!

Or un soir, seul dans son grand lit
Il contemplait avec tristesse
La grosse lanterne, et il se dit:
Ce qui manque ici, c'est une négresse!
Il en trouva une rapidement
Et ce fut un très beau mariage
La négresse était tout en blanc
Avec un lys à son corsage,
Et les homards sortant de leurs trous
S'homaraient comme des petits fous!

Mais bientôt jaloux, fou furieux,
Il la saisit, ce fut atroce
D'un seul coup il lui fit trois bleus
Et d'un autre, il lui fit trois gosses!
Puis saisissant à bras le corps
Sa petite femme en bois d'ébène
Il la balança par-dessus bord
En s'écriant: La mer est pleine
Et les morues, qu'avaient les foies
Moururent de peur toutes à la fois!

Mais stupeur le lendemain les flots
Étaient noirs... sitôt tout le monde
Pensa: C'est la faute aux bateaux
Qui jettent leur... ancre dans l'onde!
La vérité, moi je vous l'apporte
Notre négresse c'est notoire
Avait déteint et... la mère morte
Flottait maintenant dans la mer noire
Et le gardien désespéré
Se jeta... dans les mots croisés!


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