LE SACRE DE NAPOLÉON
1804


J'entendons ronfler le canon
Y gêna plus à s'en dédire
On couronne Napoléon
Empereur de ce bel empire:
Ça nous promet pour l'avenir
Ben du bonheur et du plaisir;

Sur le décret du Sénat,
La France s'est prononcée;
C'est comme si le conseil d'État
Avait de viné note pensée,
Car depuis quatre ans, dans notre coeur,
Napoléon est l'empereur.

Je prenons la liberté
De venir sans cérémonie,
Pour trinquer à sa santé
Sans oublier sa tendre amie,
Dont il doit être ben jaloux,
Car tout le monde l'aime autant que nous.

Mais s'il faut nous en taper
À l'avenant qu'il est grand homme,
Je ne trouverons pas de quoi lamper,
Car y n'a pas assez de rogomme
Dans la France, ni dans le pays
Que sa valeur nous a conquis

Je vois que nous cherchons vainement
Sur ce front que la Gloire environne
Un petit coin seulement
Pour y placer la couronne
Les lauriers, du haut en bas,
Le lui couvrent: quel embarras!

Cet habit et ce manteau
Parguenn'! lui vont à merveille
Mais ce qu'est encore ben plus beau,
C'est que chacun se dit à l'oreille
Voyant ce front victorieux:
D'honneur, il était fait pour eux!

Qu'ils viennent, ces engueseux
Dire qui n'a pas de providence;
Après l'état malheureux
Dont il a su tirer la France
Je répondrons: "Regardez l'Empereur"
Ils seront forcés de croire au sauveur.

Avec nos petits enfants
Puissions-nous, de cet onze frimaire
Célébrer, dans cinquante ans
Le glorieux anniversaire,
Et chanter à l'unisson:
"Vive le grand Napoléon!"


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