J'ai bu du Waterman et j'ai bouffé Littré
Et je repousse du goulot de la syntaxe
À faire se pâmer les précieux à l'arrêt
La phrase m'a poussé au ventre comme un axe
J'ai fait un bail de trois six neuf aux adjectifs
Qui viennent se dorer le mou à ma lanterne
Et j'ai joué au casino les subjonctifs
La chemise à Claudel et les cons dits "modernes"
Le dictionnaire et le porto à découvert
Je débourre des mots à longueur de pelure
J'ai des idées au frais de côté pour l'hiver
À rimer le bifteck avec les engelures
Cependant que Tzara enfourche le bidet
À l'auberge dada la crotte est littéraire
Le vers est libre enfin et la rime en congé
On va pouvoir poétiser le prolétaire
Littérature obscène inventée à la nuit
Onanisme torché au papier de Hollande
Il y'a partouze à l'hémistiche mes amis
Et que m'importe alors Jean Genêt que tu bandes
La poétique libérée c'est du bidon
Poète prends ton vers et fous lui une trempe
Mets-lui les fers aux pieds et la rime au balcon
Et la muse sera sapée comme une vamp
Que l'image soit rogue et l'épithète au poil
La césure sournoise certes mais correcte
Tu peux vêtir ta muse ou la laisser à poil
Ses seins oblitérés par ton verbe arlequin
Gonfleront goulûment la voile aux devantures
Solidement gainée ta lyrique putain
Tu pourras la sortir dans la littérature