De nos tanières de draps blancs
De nos grabats mangés aux rêves,
De notre pain de temps en temps
Et de nos miettes marche ou crève
Avec la vie au beau milieu,
Et puis la faim qui nous soulève,
Nous te disons: "Merci mon Dieu!"
De nos salaires raccourcis
Et qui rallongent notre gêne,
De l'or qui pousse aux quatre jeudis,
De nos éternelles semaines
Avec la rage au beau milieu,
Et puis l'envie qui nous malmène,
Nous te disons: "Merci mon Dieu!"
De notre terre à ciel perdu,
De nos fusils à cicatrices,
De nos enfants qui n'ont pas pu
Éloigner d'eux l'amer calice
Avec la guerre au beau milieu
Et puis le héros qui s'y glisse,
Nous te disons: "Merci mon Dieu!"
Des chevaux d'avoine posthume
Qui traînent leur dernier convoi,
Des chiens perdus que l'on transhume
Vers leur dernier pipi de croix
Avec la mort au beau milieu,
Et la pitié qui nous consume,
Nous te disons: "Merci mon Dieu!"
De cette croix du Golgotha
Qui crucifie tant de poitrines,
Et de ton fils qui n'a fait ça
Que pour la peau et les épines
Avec l'amour au beau milieu,
Et puis ton ciel qu'on imagine,
Nous te disons: "Pourquoi mon Dieu!"