Ulysse était un jeune homme fort et beau
Qui voulait voir comment c'était le monde, ailleurs
Et, sans arrêt poussé par cette rage au ventre
Il courut sur la mer, vers le soleil couchant
Et les jours et les nuits, et les mois, les années
S'enfuyaient sous l'étrave, on n'arrivait jamais
Puis un jour de septembre, à 7 heures du matin
Sur une île ou sur l'autre, Ulysse trouva soudain
Un morceau de miroir perdu par une princesse
Alors il regarda son visage dans les yeux
Et vit qu'il était vieux, et tout seul, et tout nu
Et se mit à rêver à tous ces jours perdus
En regardant encore vers l'horizon lointain
Qui semblait le narguer, tellement proche et pourtant si loin.
Dérisoire, tout est dérisoire,
On s'affaire, on est des morpions
Dérisoire, tout est éphémère,
Pas d'espoir, tout est dérision.
Où se couche donc le soleil
Et où sont passés les mystères et toutes les belles sorcières?
Car je ne peux plus croire aux dieux et je n'espère plus l'Amour
Et mes amis sont morts, et le jeu continue
Et je roule toujours sur la mer qui m'emporte
Vers le coucher du jour, le point de non-retour.
Je ne peux plus crier ma rage et mon désir
Je me sens fatigué, sans envie, je m'essouffle
Comme un vieux chien qui court après des nèfles
Rien ne sert de chanter, il faut mourir à point
Ainsi parlait Ulysse sur une plage déserte
Avant de s'embarquer pour une dernière fois
Sur l'amère mare du temps vers le soleil couchant
Suivi de ses amis qui ramaient en chantant:
Dérisoire, tout est dérisoire,
On s'affaire, on est des morpions
Dérisoire, tout est éphémère,
Pas d'espoir, tout est dérision.
Dérisoire, tout est délétère
Marée noire, tout est formica
Dinatoire, tout est réverbère
Gazinière, la Bérézina.
Militaire, cérébocostère
Tralalère, migraton là-bas.
Bassinoire, c'est Madame Robert
Et sa soeur, Madame Hortensia...