Thomas Fersen
BROUILLARD
Je voyais venue mon heure,
Égaré dans le brouillard,
Comme je suis un peu trouillard,
Je me racontais des peurs.
Je crois, j'en ai un peu honte,
Au folklore des contes.
Je voyais passer des ombres
Et quand je les appelais,
Comme dans un autre monde,
Le brouillard les avalait.
Je glissai dans une combe,
Je butai sur une tombe,
Une branche dans mon dos
Me fit l'effet d'un couteau.
Je sentais une présence
Cachée dans la brume blanche,
Je n'entendais que son souffle
Et puis je vis sa pantoufle,
Elle portait une robe noire
Boutonnée jusqu'au menton
Comme l'on pouvait en voir
Jadis en pays breton.
Redoutant le mauvais oeil,
Je tendais sous ce prétexte
Le petit doigt et l'index
Vers elle en guise d'accueil.
Je crois, j'en ai un peu honte,
Au folklore des contes.
Mais qu'elle fut une morte
Ou bien une chauve-souris,
Créatures qui ne sortent
De leurs grottes que la nuit,
Mais qu'elle fut une morte
De peur comme je l'étais moi,
Une bête, peu importe,
Je me fis moins maladroit
Dans le drap blanc du brouillard,
Cachés des regards espions,
Je me fis plus débrouillard,
J'osais avancer mon pion.
Elle portait une robe noire
Boutonnée jusqu'au menton
Comme l'on pouvait en voir
Jadis en pays breton.
Elle avait les mains glacées
Pareille à la mort qui rôde
Mais lorsque je l'embrassai,
Sa bouche était toute chaude.
Elle portait une robe noire
Boutonnée jusqu'au menton
Comme l'on pouvait en voir
Jadis en pays breton.
À la page des textes de Thomas Fersen
À la page des textes