Thomas Fersen
UNE AUTRE FEMME


La vieille momie égyptienne,
C'était le clou du musée,
Elle n'avait pas l'air, l'ancienne,
De beaucoup s'y amuser.

Elle avait un air sévère
Et un pouvoir sans limites
Derrière les cloisons de verre
Qui la protégeaient des mites.

Si vous regardez la mort,
Elle peut vous jeter un sort,

On peut attraper un goitre,
Une queue ou un pied bot,
Sentir une bosse croître
Et vous déformer le dos.

Elle peut déplacer les meubles,
Tordre une barre en métal
Et se promener dans l'immeuble
Sans sortir de son bocal.

La vieille momie égyptienne,
C'était le clou des cauchemars,
Elle n'avait pas l'air l'ancienne
D'aimer tout ce tintamarre.

Elle avait un air sévère
La patience a des limites
Derrière les cloisons de verre
Qui vous protègent des mites.

Lorsqu'un matin on découvre
Qu'elle développe un champignon,
Alors on l'envoie au Louvre
Pour étudier la question.

Le pied gauche et la colonne
Proviennent de la même personne,
Mais on apprend que le crâne
Était à une autre femme.

Les analyses convergent,
D'après sa physionomie,
C'est celui d'une concierge
Qui complète la momie.

Elle avait un air sévère
Et un pouvoir sans limites
Derrière les cloisons de verre
Qui la protégeait des mites.

La vieille momie égyptienne,
C'était le clou des cauchemars,
Elle s'appelait Madame Lucienne,
Elle était née à Clamart.


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