Michel Fugain
MARIE-PITCHUM Paroles: M. Vidalin, 1978
Marie-Pitchum, 12 ans, de mère alcoolique et de père incertain,
Marie-Pitchum, l'oeil bleu, la jambe un peu maigre et pas encore de seins,
Elle vend des fleurs boulevard de Clichy.
Dans le temps, sa mère, la grosse Lily,
Échangeait des fleurs contre un verre de vin;
Marie-Pitchum prend le même chemin.
A Paris, dans ce temps-là, me sieurs-dames,
Y avait comme un malaise:
Y avait que les banquiers, me sieurs-dames
Qui chantaient La Marseillaise.
Mais dans le quartier de Marie-Pitchum,
Ça sentait le blanc, le rouge et le rhum.
Pas moyen de rêver dans ce quartier,
Marie-Pitchum un jour s'est envolée.
Marie, Marie, jolie Marie,
Regarde bien la Seine
Qui charrie à travers Paris, Marie,
Son cauchemar obscène
Et qui va se décrasser dans l'océan, Marie...
Marie-Pitchum, 15 ans, la mère à l'asile et le père en prison,
Marie-Pitchum, l'oeil bleu, la taille fine et deux petits seins tout ronds,
Elle vend sa fleur boulevard de Clichy
A un type qui passait dans un taxi
Et quand l'homme a mis de l'or dans sa main,
Marie-Pitchum a choisi son destin.
Paris en quelques temps, me sieurs-dames,
En fit une princesse,
Plusieurs banquiers se sont, me sieurs-dames,
Ruinés pour ses caresses,
Et dans le quartier de Marie-Pitchum,
Où ça puait le blanc, le rouge et le rhum,
Il y avait enfin moyen de rêver,
Marie-Pitchum s'en était bien tirée.
Marie, ils t'ont pourrie, Marie,
Tu ressembles à la Seine
Qui charrie à travers Paris, Marie,
Son cauchemar obscène
Et qui va se décrasser dans l'océan, Marie...
Marie-Pitchum, 20 ans, jette ses bijoux dans le brouillard glacé,
Marie-Pitchum, 20 ans, saute dans les bras du fleuve empoisonné.
Marie, tu les as eus, Marie,
Tu traverses Paris, Marie,
Et tu vas te décrasser dans l'océan, Marie...