Michel Fugain
LE ROI D'ARGOT Paroles: M. Vidalin, 1973
Écoutez bien ce que chante Paris
Et Montorgueil et Saint-Denis:
"Le roi de France est mort, vive le roi d'Argot!"
Et moi, le roi d'Argot, ça me fait bon, ça me fait chaud!
Je remercie Christian le serrurier
Qui a forgé la bonne clef
Et Carine qui a endormi les soldats
Et Gégé-les-gros-doigts qui a tordu le cou du roi!
Moi, moi, roi d'Argot, moi j'attendais ça,
Les pieds gelés mais la fleur au chapeau,
Dans le merdier de la Cour des Miracles,
Oui moi, roi d'Argot, j'en rêvais déjà
Quand je suis né de la grosse Margot
Sur un grabat de la Cour des Miracles...
Regardez bien, vous n'avez jamais vu
Tant de miroirs et de statues,
Des lustres de cristal aux chandelles de miel
Ni de chaises où le cul peut s'arrondir comme un soleil!
Va-t-en, Vava, va-t-en faire les lits
Où dormira qui veut dormir,
Et que les autres s'aiment à même le tapis,
Qu'ils soient bêtes à bon Dieu, bêtes à deux dos, bêtes à plaisir!
Moi, moi, roi d'Argot, ce palais royal,
Je m'y installe et j'en fais un bordo
Où Cordélia nous fera des miracles,
Oui moi, roi d'Argot, je serai chez moi
Quand j'aurai fait de ce noble château
Le cul-de-sac de la Cour des Miracles...
Vous, les affreux, je vais faire de vous
Des maréchaux, des sénateurs!
Vous, les filles à soldats, vous aurez des bijoux
Et des bidets d'argent pour rafraîchir vos petits coeurs!
Et quant à moi, je vais faire la paix
Avec l'Autriche et l'Italie,
Je vais organiser, je vais coloniser:
Il fallait un voyou pour rajeunir ce vieux pays!
Moi, moi, roi d'Argot, de force ou de droit,
Je veux d'abord que l'on crève un tonneau
En souvenir de la Cour des Miracles,
Oui moi, roi d'Argot, je le sais déjà,
Je suis monté sur un drôle de bateau,
Bien plus pourri que la Cour des Miracles...