J'ai vu dans ces yeux la joie de vivre, la pluie,
Le vent, les larmes, l'amertume et le charme,
Des émotions qui nagent à contre-courant.
Rien n'a changé, son regard est toujours le même.
Le temps est venu soulager ses peines
Mais son visage est triste
Ses yeux n'ont plus de vie, plus de vent, plus de pluie.
Pour apaiser la douleur qui frappe,
Réaliser qu'avec les années tout se passe
Silencieusement sans le savoir.
Je la regarde chaque soir.
Mais cette fois je lui fais mes adieux.
J'ai quitté la fenêtre et fermé les yeux
Après un très long soupir... mieux vaut dormir.
Plongée dans l'abysse de mon inconscient
J'entreprends le combat que l'on nomme coma,
Traumatisme de mes facultés psycho-motrices.
Jadis, j'ai manoeuvré les épreuves,
Tranquille comme le fleuve. Habile de mes expériences,
Dès mon enfance, je me suis élancé dans la vie.
Bravé infamie et défis,
Aujourd'hui j'ai confinée au lit, je m'anime dans l'abîme
Confie mes rimes à ceux qui m'entourent
Garde la tour jour après jour.
J'entends leurs pleurs me dire:
"Bats-toi, ne te laisse pas détruire!"
Lorsqu'entre ces voix, j'entrevois mon avenir... Mieux vaut dormir
Toutes les nuits à mon chevet,
Instable est son état,
Face à la maladie je me sens impuissant.
Pourquoi doit-on subir?
Pourquoi doit-on souffrir?
Mon être est déchiré, épuisé.
Je ferai tout en mon pouvoir, retarder son départ,
Tant et aussi longtemps que je n'aurai pas vu
A nouveau son sourire, s'épanouir
Et rafraîchir son doux visage fragile, ainsi soit-il.
Quand la douleur se déchaîne, incarne le martyr... Mieux vaut dormir.