Richard Gotainer
AVANT DE VOIR SES YEUX



Je n'entrevis que des dentelles
Des jambes et du cheveu
Je sus qu'elle était la plus belle
Avant de voir ses yeux.

Puis il y eut ce courant d'air
Moi, je suis innocent
Si j'ai presque vu son derrière
C'est la faute du vent.

C'est de la faute aux courants d'air
Cerisier rose et pommier blanc
Si j'ai presque vu son derrière
C'est la faute au printemps.

Une robe à fleurs imprimées
Et deux grands anneaux d'or
Ça semblait facile à ôter
Je m'en souviens encore.

Lorsqu'une giboulée soudain
Lui causa du souci
Je fus très nul en baratin
Mais fort en parapluie.

Roucoucou, Roucoucou
Le parapluie fait la roue
Le lapin, lui, batifole
Et la lapine itou.

Puis le soleil comme un yo-yo
Revint à vive allure
J'ai proposé un diabolo
J'ai fait ça, je le jure.

Quand nos genoux se sont frôlés
Là je suis innocent
Si j'ai bébéguéguéyéyé
C'est à cause du temps.

Elle, elle était fleur d'aubépine
Et moi le ver luisant
Je louchais sur ses étamines
Avec la langue qui pend.

Puis quelque chose tout à coup
A fait drelin drelin
Si j'ai hurlé comme un vieux loup
Moi, je n'y suis pour rien.

Comme il est doux le guilledou
Cerisier rose et pommier blanc
You you les petits canaillous
Au cul la belle c'est le printemps.

Je n'entrevis que des dentelles
Des jambes et du cheveu
Je sus qu'elle était la plus belle
Avant de voir ses yeux.


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