Jean Guidoni
ALICE ET ALFRED (retraités) Paroles: Pierre Philippe, musique: Thierry Matioszek
Questionnez pas la vieille
Qui entre à petits pas
Car elle est dure d'oreille
Et ne répondrait pas
A vos traits de malice
Ou de curiosité
Laissez, laissez Alice
Boire sa tasse de thé
Observez-la qui lèche
Son gâteau brioché
On voit bien que la blèche
N'a pas fait que lécher
Le sucre des gaufrettes
Que de jeunes paysans
A la foire de la Frette
Offraient à ses quinze ans
Sachez qu'ensuite Alice
Sut se montrer Sexy
Près d'un empereur du vice
De passage et qu'ainsi
Le gentil Fragonard
Fit ses premières saisons
De bouic en bobinard
De bousbir en boxon
Alice y batifole
Amassant la monnaie
Pour, fin des années folles
Entrer au Chabanais
Dont elle épuise les hôtes
Avant que d'épouser
Le maquereau de la haute
Qui tient ce claque aisé
La république cruelle
En bouclant son foutoir
Seule changea la maquerelle
En dévote notoire
C'est ainsi que les radasses
Ont de vibrants adieux
La toute dernière des passes
Elles la font avec Dieu
Respectez la clôture
Rafraîchie tous les ans
D'une verte peinture
Par ce rhumatisant
Ce doux vieillard qui taille
Ses roses en espalier
Il a mené bataille
Et si vous le vouliez
Sortirait de sa housse
L'uniforme fatigué
D'un ancien petit mousse
Qu'a beaucoup navigué
Qui en a vu de raides
De vertes et de salées
Laissez, laissez Alfred
Soigner ses azalées
Car la profonde France
Pourrait juger vilain
Comment dès Recouvrance
L'enfant vêtu de lin
S'épargnait les tortures
De la dèche, dit-on
En forçant sa nature
De fier marin breton
Comment lui vint des filles
Les courbes et la diction
Et comment à la quille
Lui vint la vocation
Comment en fin de semaine
Ils se pressaient chez Graff
Les parrains par dizaines
Du cher petit mataf
Qu'était plus de la Royale
Bien qu'il eût un hamac
Entre Blanche et Pigalle
Tendu entre deux macs
Quand la nuit parisienne
Installait des tropiques
Autour de la vespasienne
Du bas de la rue Lepic